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12 Nov
12Nov

C’est un moment historique pour la justice internationale et pour des centaines de victimes congolaises. Ce mercredi 12 novembre 2025, s’est ouvert à la Cour d’assises de Paris le procès de Roger Lumbala Tshitenga, ancien chef du mouvement rebelle RCD-N et ex-ministre du Commerce extérieur de la République démocratique du Congo (RDC). Il est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une entente en vue de commettre ces crimes, pour des faits survenus entre 2002 et 2003 dans le nord-est du Congo, durant la guerre de l’Ituri et l’opération tristement célèbre "Effacer le tableau"

Un procès sous la compétence universelle de la justice française 

Ce procès, qui se déroulera jusqu’au 19 décembre 2025, s’inscrit dans le cadre du principe de compétence universelle, permettant à la justice française de juger les auteurs présumés de crimes internationaux, même commis hors de son territoire. L’affaire est instruite par le Parquet national antiterroriste (PNAT), compétent en matière de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, sous la direction du procureur Olivier Christen. La composition de la Cour d’assises présidée par un juge professionnel assisté de deux assesseurs et d’un jury populaire a été annoncée en ouverture de l’audience. Roger Lumbala, vêtu sobrement, a confirmé son identité devant la Cour avant la lecture officielle de l’acte d’accusation. 

Lecture des charges et observations de la défense 

La première journée d’audience est consacrée à la lecture des charges et aux observations préliminaires. La défense, assurée notamment par Me Philippe Zeller et Me Hugues Vigier, conteste la compétence de la justice française, estimant que M. Lumbala devrait être jugé dans son pays d’origine. Les avocats de l’accusé ont également soulevé plusieurs exceptions de procédure, arguant du manque de coopération entre les juridictions française et congolaise. L’accusation, représentée par le PNAT, estime pour sa part que la gravité et l’imprescriptibilité des faits justifient pleinement la tenue du procès à Paris. Selon l’acte d’accusation, Roger Lumbala aurait apporté un soutien matériel et logistique à des opérations du RCD-N ayant entraîné des massacres de civils, des viols de masse, des tortures et des pillages dans plusieurs localités du Haut-Uélé et de l’Ituri.

Les attentes des victimes et des ONG 

Plusieurs organisations internationales, dont Trial International, Impunity Watch, Minority Rights Group et la Clooney Foundation for Justice, accompagnent les parties civiles et saluent l’ouverture de ce procès qualifié d’"étape cruciale" dans la lutte contre l’impunité en Afrique centrale. Une cinquantaine de témoins, dont des survivants, des experts et d’anciens combattants, seront entendus dans les semaines à venir. Pour les communautés congolaises et les associations de victimes, ce procès représente une lueur d’espoir après plus de deux décennies d’attente. "Nous espérons que la vérité sera enfin reconnue et que justice sera rendue", confie un représentant d’association présent dans la salle d’audience.

Un message fort contre l’impunité des crimes Internationaux 

Au-delà du cas individuel de Roger Lumbala, ce procès marque un tournant dans la mise en œuvre concrète du droit international par la justice française. Il vise à établir les responsabilités, mais aussi à envoyer un message clair : les auteurs présumés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité ne peuvent plus se cacher derrière les frontières. Si la Cour retient la culpabilité de Roger Lumbala, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu avant Noël 2025, à l’issue de six semaines d’audiences publiques, d’expertises et de témoignages sous haute tension.

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