La Cour d’assises spéciale de Paris a consacré l’audience de ce vendredi 14 novembre 2025 à un vaste rappel historique, contextuel et géostratégique pour éclairer les faits reprochés à l’ancien chef politique congolais Roger Lumbala, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité dans le cadre de l’opération dite "Effacer le tableau". Cette offensive, menée au début des années 2000 dans le nord-est de la RDC, est au cœur des débats.
Au cours de cette séance, l’objectif de la Cour était de clarifier les causes profondes du conflit ayant ravagé la région : tensions politiques persistantes, intérêts sécuritaires et identitaires locaux, mais aussi enjeux économiques, notamment l’exploitation illégale des minerais stratégiques qui a alimenté et complexifié les alliances armées. Les magistrats ont également détaillé le rôle des acteurs clés mouvements politico-militaires, groupes armés locaux et forces étrangères dont les rivalités ont contribué à la mise en œuvre de l’opération incriminée.
La journée d’audience a également été marquée par la comparution du premier témoin, Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique de l’Ifri et expert auprès de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime. Celui-ci a travaillé en Ituri entre 2003 et 2004, période immédiatement postérieure aux faits examinés. Appelé à la barre pour éclairer la Cour, il a exposé le contexte historique et factuel ayant conduit à l’opération "Effacer le tableau", détaillant les dynamiques de violence, l’enchevêtrement des intérêts politico-militaires et l’impact des économies de guerre. Ses explications ont permis d’apporter aux jurés une lecture plus fine des tensions locales et régionales, ainsi que des mécanismes décisionnels ayant rendu possible l’offensive.
Cette étape pédagogique vise à permettre au jury de se familiariser avec les concepts, appellations, zones géographiques et dynamiques régionales indispensables à la compréhension du procès. À travers cartes, rapports et expertises, l’audience du jour a posé les bases nécessaires avant l’examen plus précis des responsabilités individuelles.
La séance s’est tenue en l’absence du prévenu Roger Lumbala et de ses avocats, l’ancien dirigeant ayant entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions du procès, selon son entourage. L’audience reprendra la semaine prochaine avec la poursuite des auditions des premiers experts et témoins.