Elysée MUZALIA
31 Mar
31Mar

Depuis l’occupation des villes de Bukavu et Goma par la rébellion du M23/AFC soutenue par le Rwanda, les médias et les journalistes font face à une censure accrue et à toutes les autres formes d’atteinte à la liberté de la presse. 

D’après des témoignages au sein de la corporation des journalistes, des cas de pression suivis de ceux des journalistes menacés, enlevés, intimidés et muselés sont légion dans les zones occupées par les rebelles. 

Au lendemain de la chute de Bukavu, en Février 2025, plusieurs directeurs des chaines de radios et télévisions locales ont été interpellés par les autorités de la rébellion avec comme injonction de ne diffuser que des informations de leur mouvement sans relayer les versions de faits des autorités gouvernementales de Kinshasa.

"Ils ont débarqué au sein de notre radio, les rebelles nous ont formellement interdit de diffuser des informations qui les incriminent, c’est-à-dire des informations qui parlent de différents cas d’abus dans lesquels leurs membres pourront être impliqués. Ils nous ont même interdit de dire dans nos dépêches que le M23 est soutenu par le Rwanda mais de nous limiter seulement à parler du M23 et Alliance Fleuve Congo, AFC. Ils nous ont promis des sanctions sévères au cas où nous n’obtempérons pas à cette injonction", confie un Directeur de Radio, sous couvert d’anonymat. 

Cette situation est condamnée par plusieurs acteurs intervenant dans le secteur des médias qui dénoncent "une régression alarmante des acquis en matière de la liberté d’expression dans les territoires conquis par les rebelles". "Certains médias ont même suspendu la diffusion des émissions débat pendant cette période d’occupation, afin de ne pas subir des cas de représailles. Même des émissions à téléphone ouvert sur des sujets d’intérêt communautaire ne sont plus produites et des médias qui n’ont pas été d’accord avec ces décisions ont tout simplement décidé de fermer", croit savoir un Directeur de programmes d’une radio communautaire émettant à Goma dans le Nord Kivu. 

Du côté du Gouvernement de Kinshasa, les autorités estiment que "le climat répressif instauré par les rebelles du M23 est marqué par une stratégie délibérée de contrôler l’information, de désinformer et de manipuler les faits"

A en croire le Porte-parole du Gouvernement et Ministre de la Communication, "l’objectif pour la rébellion est de réduire au silence toute voix indépendante et d’empêcher la population à recevoir une information fiable et impartiale", croit savoir Patrick Muyaya. 

Malgré des mécanismes de documentation mis en place en collaboration avec les organisations de défense des droits humains, les activistes de la société civile sont également devenus des cibles privilégiées du M23/AFC.

Les mêmes sources déplorent le fait que le contrôle de l’information soit devenu une arme stratégique pour le M23/AFC. Elles plaident pour la nécessité d’un engagement accru des autorités congolaises et de leurs partenaires pour garantir la liberté d’expression et la sécurité des journalistes dans les zones sous occupation rebelle.

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.